Dans les journeaux

(deutsch)

Bienne en images

Journal du Jura 23.04.2002

Un peu plus de septante années après le premier film sur Bienne, «bielbienne01-02.ch» a reconduit l'expérience. Une avant-première de ce film-documentaire sera présentée durant la fête de Bienne. Filmé sous forme de fiction avec une base de documentaire, la nouvelle réalisation tente de faire sentir le pouls de la ville durant une année de transformation. Avec pour trame la promenade d'un étrange personnage en ville de Bienne, les scènes du film mettent en images la période allant du 15 mai 2001, date de l'ouverture du passage de la gare, au 15 mai 2002, date de l'ouverture d'Expo.02. Tout au long du film, la parole est donnée au gré des découvertes à des personnes que l'on n'a généralement pas l'habitude d'entendre. De sorte que chacun est amené à donner son avis sur le nouveau visage de Bienne, quitte à ce que les paroles soient contradictoires. Une fois terminé, le film débouchera sur l'ouverture d'Expo.02. Ainsi, la version présentée lors de la fête de Bienne ne sera encore qu'un premier jet appelé à évoluer durant les prochaines semaines. (sg)


Une ville à la recherche d'identité

Journal du Jura 21.08.2002

FILMPODIUM · Sortie du documentaire «bielbienne01-02.ch»

Une ville à la recherche d'identité

Durant une année, une équipe de cinéma a fixé par l'image comment les autorités et la population de Bienne se sont préparées à accueillir Expo.02. Ce documentaire, réalisé par Beat Borter, est désormais prêt et sera diffusé ces prochains dimanches par le Filmpodium.

En 2001, l'image de Bienne a subi un bouleversement radical et rapide tel que la ville en a rarement connu dans son histoire. En effet, l'arrivée de l'exposition nationale a occasionné toutes sortes de chantiers: rues ouvertes, immeubles démolis, nouveaux bâtiments érigés. Et tout cela à une vitesse telle que plus d'un Biennois ne reconnaissait plus sa ville.

50 prises de position

Le documentaire «bielbienne01-02.ch» montre ces transformations et les questions qu'elles ont soulevées. Beat Borter, professeur au gymnase de Bienne, et réalisateur de documentaires («La vida es filmar»), propose une chronique qui s'étend du 15 mai 2001, jour où fut ouvert au public le nouveau passage de la gare, à la journée d'inauguration d'Expo.02. Le film montre les atteintes au paysage urbain et interroge à ce sujet une cinquantaine de Biennois. Parmi les intervenants, on compte bien sûr quelques personnalités, comme le maire de Bienne Hans Stöckli ou Félicienne Villoz-Muamba, première femme noire à accéder à la charge de conseillère de ville, mais également des citoyennes et des citoyens anonymes. Sans oublier bien sûr quelques personnalités biennoises originales comme Parzival, qui n'a pas attendu l'arrivée de l'Expo pour conduire un vélotaxi, le photographe Heini Stucki, ou le chauffeur de taxi et gérant de kiosque Tony Cataldo, ou encore cette contractuelle que son tempérament a rendue aussi célèbre que mal aimée. Mais la plupart des déclarations émanent de personnes qui sont directement touchées par les bouleversements, tels les marginaux, les toxicomanes ou les squatters de la communauté Schrottbar, dont la présence semble mal s'accorder avec la nouvelle image propre en ordre de la ville.

Portrait authentique

Le film pose quelques questions fondamentales. En ces temps où l'on transforme et démolit à tour de bras, qu'y a-t-il à Bienne qui rende cette ville encore désirable? Qu'est-ce qui fait la spécificité de Bienne? Ce petit quelque chose qui fait la particularité de la ville va-t-il perdurer, ou au contraire disparaître? Certains plans trahissent l'incertitude, voire le désarroi. D'autres montrent une ambiance de fête, des gens qui s'éveillent pour un nouveau départ.

Beat Borter a voulu dresser un portrait aussi authentique et objectif que possible des sentiments des Biennois durant l'année qui a précédé l'Expo. Le documentaire confronte le regard des gens directement concernés, qui voient les choses de l'intérieur, à celui d'une personne fictive qui voit les choses de l'extérieur. C'est l'acteur Philipp Boë, bien connu pour son travail au Théâtre de la Grenouille, qui tient le rôle de ce candide qui part à la découverte d'un monde inconnu de lui. Avec ses allures de pantomime, il joue le jeu du profane ébahi devant des événements qui lui paraissent parfois absurdes. Les scènes poétiques, dans lesquelles s'imbriquent des éléments documentaires, sont soutenues par des parties de saxophone qui reviennent en boucle. On doit ce fond sonore à Hans Koch, autre Biennois pure souche devenu mythique dans les cercles du jazz helvétique. «Ces scènes de fiction sont conçues comme des oasis, des instants durant lesquels le spectateur peut digérer les informations», explique Beat Borter. C'est pourquoi la musique doit être à la fois atmosphérique et ouverte, afin que chacun puisse faire le lien entre ses propres émotions et les choses qu'il voit. Aucun Biennois ne pourra assister à la projection de ce documentaire sans un brin d'émotion. (nr/mg)

«bielbienne01-02.ch» sera projeté les dimanches 25 août et 1er septembre à 21h30 et le dimanche 8 septembre à 10h30 au Filmpodium, Faubourg du Lac 73.


Mues et métamorphoses d'une cité

Journal du Jura par Isabelle Graber 03.10.2002

Le tournage du documentaire «bielbienne01-02.ch» a débuté par un beau matin de mai 2001. Il s'est achevé un an plus tard, avec l'ouverture de l'Expo. Le long-métrage du réalisateur biennois Beat Borter révèle les facettes multiculturelles d'une Bienne en pleine mutation. A découvrir les dimanches 6 et 13 octobre au Filmpodium.

Pendant une année, du 15 mai 2001 au 15 mai 2002, l'équipe de tournage placée sous la houlette du réalisateur Beat Borter a filmé Bienne et ses habitants. Professeur au Gymnase alémanique de Bienne, le réalisateur souhaitait garder une trace de la métamorphose subie par la cité en vue de l'Expo. Une première version du documentaire «biel-bienne01-02.ch» a été présentée en mai au public, à l'occasion de la Fête de la ville. Les dimanches 6 et 13 octobre, la version définitive du long-métrage sera projetée au Filmpodium, un événement qui n'est pas sans émouvoir le réalisateur... Interview.
- Beat Borter, comment l'idée de ce documentaire est-elle née?
- Tout est parti de discussions avec un groupe d'amis... En constatant à quel point la ville se métamorphosait en vue de l'Expo, nous avons voulu garder une trace de cette période particulière, synonyme d'un chamboulement urbanistique impressionnant. Le moment était idéal pour tourner un long documentaire sur la ville, car les témoignages de ce genre sont rares. Bienne n'a été l'objet que de deux films d'importance, l'un dans les années 1930, l'autre en 1972 («Chronique d'une ville moyenne en Suisse», du cinéaste Jean-Daniel Blösch, rediffusé ce printemps sur TeleBielingue, n.d.r.l.).
- Lorsque vous avez commencé le tournage, le 15 mai 2001, jour de l'inauguration du passage de la gare, aviez-vous déjà en main un scénario précis?
- Non... au contraire! Ce fameux week-end a été un test décisif pour toute l'équipe. Outre les images du passage de la gare, nous avons filmé la scène d'ouverture du film, sur l'arteplage encore totalement vide. En visualisant les rushes, nous avons été agréablement surpris et avons pris la décision de continuer. Pour cela, nous avions besoin d'aide financière. Nous avons donc contacté les autorités municipales et cantonales. Le documentaire a ainsi pu se faire grâce aux subventions de la Ville de Bienne et du canton de Berne. - Outre la métamorphose du paysage urbain, souhaitiez-vous apporter un regard critique sur la cité?
- Je n'éprouve aucun intérêt à donner mon point de vue de manière directe dans mes documentaires (Beat Borter a également signé «La vida es filmar», tourné à Cuba en 1998, n.d.l.r.). Je préfère donner la parole aux gens! Evidemment, la «patte» et le point de vue du réalisateur imprègnent fatalement son film, ne serait-ce que par le montage.
- Pour «bielbienne01-02.ch», vous avez interviewé plus de cinquante Biennois...
- Ces témoignages représentaient à eux seuls 60 heures de matière filmique à retravailler! Avec mon équipe, nous avons passé deux semaines entières à les visionner, les répertorier, puis les classer en vue du montage.
- Comment s'est fait le choix de ces cinquante personnes?
- Nous ne pouvions évidemment pas ignorer certaines personnalités, comme le maire de Bienne ou Parzifal... Mais nous avons avant tout souhaité donner la parole aux anonymes, aux gens de la rue, ceux que l'on n'entend jamais dans les médias, mais qui sont les plus représentatifs du multiculturalisme et de la diversité de la ville.
- Leur avez-vous imposé des questions, comme pour une interview?
- Non, tous ont eu le loisir de choisir l'endroit où ils souhaitaient être filmés. Cela a été propice à des conversations très ouvertes, plus proches des confidences que d'une interview dans le sens strict du terme.
- Certains de vos interlocuteurs dissimulent mal un certain désarroi quant au devenir de la ville...
- Les témoignages ont permis l'émergence de questions essentielles. Par exemple, si la cité fait peau neuve, quelles en seront les conséquences pour ses habitants? Seront-ils plus heureux? Mais plutôt que de jouer les devins, nous voulions dresser un portrait aussi authentique que possible des sentiments éprouvés par les Biennois pendant l'année qui a précédé l'Expo.
- Une première version de votre documentaire a été projetée en mai dernier, à l'occasion de «Bienne en fête». Quelles réactions a-t-il provoquées?
- Dès le départ - et en accord avec les autorités municipales - nous étions convenus de terminer le film pour la Fête de la ville. Près d'un millier de personnes ont ainsi pu le découvrir lors de dix projections. Globalement, les réactions ont été plutôt positives...
- Egalement de la part des autorités?
- (Sourire) Sans doute quelques politiciens de la place avaient-ils imaginé un documentaire visant davantage à «vendre» la ville, plus axé sur l'aspect marketing... Personnellement, je trouve qu'il constitue une excellente carte de visite pour Bienne, très représentative de l'état d'esprit des habitants pendant cette période particulière qui précéda l'Expo.
- La poésie et le rêve ne sont toutefois pas absents de votre film, grâce notamment à l'étrange personnage incarné par le comédien Philipp Boë...
- Ce personnage mystérieux est en quelque sorte le fil rouge du film. Philipp Boë (connu pour son travail au sein du Théâtre de la Grenouille, n.d.l.r.) incarne un personnage naïf, candide, qui part à la découverte d'un monde inconnu. Ces scènes de fiction permettent aussi au spectateur de «reprendre son souffle», de digérer la somme d'informations livrées par le biais des témoignages.
- La musique composée et interprétée par le musicien biennois Hans Koch est quasiment un personnage à part entière...
- La musique de Hans Koch donne une dimension supplémentaire au film. Les derniers plans du documentaire, qui mettent en scène pendant plus de deux minutes le musicien et le personnage mystérieux, s'est d'ailleurs imposée d'elle-même. Nous avons ajouté cette scène au montage cet été, en remaniant le film. Ces dernières images se sont immédiatement imposées... Après elles, nous ne pouvions plus rien ajouter.


Mosaïque culturelle

Journal du Jura par Isabelle Graber 03.10.2002
En cinquante minutes, le documentaire «bielbienne01-02.ch» dresse le portrait d'une ville de Bienne en pleine mutation à l'aube de l'Exposition nationale. Les nombreux témoignages qui émaillent le film sont autant d'instantanés qui reflètent l'état d'esprit d'une cité en quête d'identité. Le long-métrage réalisé par le Biennois Beat Borter constituera sans doute une référence importante pour les générations futures.
Loin des films publicitaires projetés sur les écrans géants du Terminal B, le documentaire de Beat Borter se lit comme un instantané. Inscrit dans une temporalité précise (mai 2001-mai 2002), il reflète l'ambiance et l'état d'esprit dans lesquels baignèrent les Biennois à l'aube de l'Expo. Chantiers béants, rues envahies par la brume du goudron brûlant, squelette d'arteplage s'érigeant sur les rives du lac... Les images parlent souvent d'elles-mêmes. En promenant sa noire silhouette dans ce décor réaliste, le personnage énigmatique incarné par Philipp Boë met en exergue une dimension nouvelle. Béton et métal se heurtent à l'humain (ou est-ce le contraire?), dont les yeux s'écarquillent devant la brutale métamorphose de la cité.
Les témoignages des cinquante personnes interviewées par le réalisateur se muent en confidences. Qu'il soit ou non concerné par la ville, le spectateur s'émeut de la fierté, mais aussi du désarroi et de l'inquiétude des Biennois.
Qu'ils émanent de notables, de migrants ou de marginaux, («de gens qu'on n'a pas l'habitude d'entendre», note le réalisateur) les témoignages touchent par leur force et leur simplicité. Au final, ils composent une mosaïque polyphonique et multiculturelle reflétant à merveille l'état d'esprit d'une cité en pleine mutation. Portée par la musique de Hans Koch (d'ailleurs récompensé par le Prix de la Commission de musique du canton de Berne), la réflexion du spectateur s'évade loin de l'écran de projection pour se tourner vers des antres plus intimes. Du chassé-croisé entre documentaire et fiction naît un portrait qui renvoie inéluctablement à soi-même, à la perception du monde qui nous entoure. Biennois ou étranger à la cité, chacun ne peut que se sentir interpellé par ce portrait touchant. Un documentaire à découvrir de toute urgence, nulle projection supplémentaire n'étant actuellement agendée au-delà du 13 octobre!