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femme
2. La grasse matinée
Djeha-Hodja Nasreddin et sa femme paressaient au lit et aucun d'eux n'avait envie de se
lever.
- Kalima, dit Djeha-Hodja Nasreddin, va voir dehors s'il pleut encore.
- Non, le temps est sec, sinon tu entendrais le bruit de la pluie sur le toit.
- Alors, lève-toi pour mettre une bûche dans le feu.
- Tu ne vois pas d'ici qu'il reste encore des braises dans la cheminée ?
- Je vois que tu n'as aucune envie de te lever. Puisque tu as réussi à faire deux tâches sans
sortir du lit, dis-moi comment tu comptes t'acquitter de la troisième ?
- Laquelle ? Interrogea Kalima
- Traire la chèvre qui se trouve dans la cabane, au bout du jardin.
3. Le potage de la belle-mère
En voyant sa femme pleurer sans aucune raison, Djeha-Hodja Nasreddin lui demanda
- Que t'est-il arrivé ?
Sa femme, séchant ses larmes, lui répondit :
- Je me suis souvenu de ma pauvre mère. Elle aimait tellement ce potage. C'est elle qui m'a
appris à le faire.
Djeha-Hodja Nasreddin connaissait sa belle-mère et avait beaucoup de respect pour elle.
Donc il n'a rien dit. Il a pris une cuillerée de potage et l'a avalée. Ses yeux se sont alors
remplis de larmes.
- Qu'est-ce qui se passe ? Lui dit sa femme. Pourquoi pleures-tu ainsi ?
- Je pleure, dit Djeha-Hodja Nasreddin, parce que c'est toi qui aurais du être morte au lieu
de ta pauvre mère.
5. Qui a raison ?
Une grande controverse avait divisé le village en deux. On en appela à Djeha-Hodja
Nasreddin pour résoudre le problème. Sa femme l'avertit que cela pourrait se retourner
contre lui. Conscient de ses responsabilités, Djeha-Hodja Nasreddin ne pouvait se dérober.
Il alla à la place du marché et fit face aux villageois réunis en deux clans opposés. Le
leader et quelques voix du premier groupe lui crièrent de s'assurer qu'il avait bien compris
leur point de vue. Après les avoir écoutés, il leur dit :
- Vous avez raison.
Les partisans du second groupe le menacèrent de leur poing pour le convaincre de la
validité de leur point de vue. Il les écouta et leur dit :
- Vous avez raison aussi.
Sa femme le tira par la manche et lui souffla qu'ils ne pouvaient pas avoir raison tous les
deux.
- Tu as raison toi aussi, lui répondit-il.
9. L'âge de sa femme ?
Djeha-Hodja Nasreddin est allé chez le cadi pour divorcer. Ce dernier lui a
demandé le nom de sa femme.
- Je ne sais pas, a t-il répondu
- Depuis combien d’années êtes-vous mariés?
- Depuis plus de vingt ans
- Comment se fait-il que tu ignores le nom de ta femme?
- Je n'ai jamais pensé que le mariage durerait, donc je n'ai pas fait l'effort
d'apprendre le nom de la jeune mariée.
Djeha-Hodja Nasreddin et la
justice
Fanfaronnades et ruses de
Djeha-Hodja Nasreddin
Djeha-Hodja Nasreddin et
Tamerlan
- Les oies de mon village d'enfance en Asie avaient bien deux pieds chacune, j'en
suis sûr.
- C'est parfaitement possible ! Conceda Djeha-Hodja Nasreddin. Mais nous ne
sommes pas dans votre village d'enfance. Ici, c'est Ak Shehir, le siège des oies
unijambistes.
Cependant inquiet, Djeha-Hodja Nasreddin s'apprêtait à partir. Juste à ce moment,
un chameau qui dormait près de la fontaine s'est relevé et a poussé des cris
rauques et perçants. Les douze oies se sont réveillées de leur torpeur, chacune
dépliant le pied mis sous son aile. Avec une grande agitation, elles se sont
dispersées, chacune courant sur deux pieds. Au moment où Tamerlan reprenait ses
esprits, Djeha-Hodja Nasreddin était déjà en bas dans la cour, au-dessous de sa
fenêtre. Tamerlan se mit à la fenêtre et appela Djeha-Hodja Nasreddin. Mais ce
dernier, sans comprendre ce que Tamerlan lui disait, avait déjà préparé sa réponse.
- Mon bon Tamerlan, cria t-il, juste avant que la porte de palais ne s'ouvre pour le
laisser passer, si vous ou moi avions eu les oreilles envahies par un tel raffut –
alors que nous étions endormis, ne pensez-vous pas qu'il nous serait poussé au
moins quatre pieds !
Savnts et ignorants et
Djeha-Hodja Nasreddin
59
Drôle de comptage
Durant le Ramadan, Djeha-Hodja Nasreddin avait l'habitude, chaque matin,
de mettre un caillou dans une cruche, pour compter les jours de jeûne.
Chaque fois qu'il a voulu savoir(connaître) quel le jour de Ramadan il était,
il enlèverait les cailloux et les compterait. Un jour son fils a vu la cruche de
son père dans la cuisine et y a mis deux poignées de cailloux. Quelques
jours plus tard, un ami s’est arrêté par bavarder avec Hodja..
- Hodja Effendi, lui dit-il, savez-vous à quel jour de Ramadan nous
sommes?
- Attends, dit Hodja, je les ai comptés avec des cailloux. Il alla à la cuisine,
enleva tous les cailloux de la cruche et les compta. Il y avait 149. Hodja
savait que cela ne pouvait être juste. Revenu au salon, il dit à son ami que
c’était le 49ème jour de jeûne.
- Hodja Effendi, dit l'ami déconcerté, il est impossible que nous soyons au
49ème de Ramadan.
- Cher ami, il vaut mieux me croire, car si l’on se fie à la cruche, nous en
sommes au 149èm
60 Sauvetage à la corde
Un homme grimpa à un arbre et n’arrivait pas à en descendre. Djeha-Hodja
Nasreddin, qui passait par là, lui dit qu’il pouvait l’aider. Il prit une longue
corde et en donna un bout à l’homme.
- Attachez là autour de votre taille.
- Que faites-vous, Hodja effendi ? Dirent les autres passants. Vous ne
pouvez pas sauver un homme perché sur un arbre de cette manière !
- Faites-moi confiance, j’ai déjà essayé cette méthode et elle a été efficace.
L’homme attacha la corde autour de sa taille et Hodja tira sur l’autre
extrémité. L’homme tomba à terre et fut sérieusement blessé.
- Regardes le résultat Hodja ! dit la foule
- J’ai pourtant sauvé un homme comme ça, mais je ne me souviens pas si
c’était d’un arbre ou d’un puits !
67 La véritable question
Djeha-Hodja Nasreddin était chez lui, en train de préparer un tajine. Une fois le
plat réchauffé, il le retire du feu et verse un seau d'eau pour éteindre les
flammes.Djeha-Hodja Nasreddin reste interdit, comme si c'était la première fois
qu'il remarquait la fumée et le bruit produits au contact de l'eau sur le feu.Il se
précipite hors de chez lui et se rend à l'autre bout du village où habite un vieillard
réputé pour sa grande sagesse. Djeha-Hodja Nasreddin déboule dans la cuisine, où
l'homme vénérable était assis à attendre que son tajine soit cuit. Il prend le plat, le
renverse par terre et jette de l'eau sur les flammes pour les éteindre.
Ensuite il se retourne vers le sage :
- Dis-moi, noble sage, j'ai une question à te poser. Peux-tu me dire, de l'eau ou du
feu, lequel a produit cette fumée et ce bruit ?
Le vieil homme s'assoit un moment, regarde Djeha-Hodja Nasreddin, puis son
repas répandu sur le sol. Enfin il se lève et donne une gifle retentissante à Djeha-
Hodja Nasreddin :
- Dis-moi, Djeha-Hodja Nasreddin, j'aimerais d'abord que tu répondes à ma
question. De ma main ou de ta joue, laquelle a produit le bruit que tu viens
d'entendre, et la douleur que tu as certainement ressentie ?
68 L'argent cash
Djeha-Hodja Nasreddin a ouvert à son créancier qui avait plusieurs fois frappé à
sa porte pour réclamer le remboursement de ses créances.
- Bientôt, dit Djeha-Hodja Nasreddin, je te rembourserai bientôt.
- Mais quand ? Demanda l'homme.
- Écoute ! J'ai semé des graines d'épine dans la rue, le long du mur.
- Et alors ?
- Quand la graine fleurira, nous aurons beaucoup d'épines au printemps.
- Oui, sans doute ! Alors ?
- De nombreux troupeaux de moutons passent par cette rue. Lors de leur passage,
ils laisseront un peu de leur laine sur les épines. Je collecterai cette laine et ma
femme la filera. Alors, la suite est facile à deviner ! Je vendrai le fil sur le marché
et ainsi je te rembourserai ma dette.
L'homme éclata de rire à l'évocation ce plan ridicule. Alors Djeha-Hodja
Nasreddin lui dit :
- Maintenant que tu as senti l'argent cash entre tes mains, tu peux te permettre de
rire, espèce de fripon !
69 Le chant du rossignol
Alors qu'il était enfant, Djeha-Hodja Nasreddin grimpa à un figuier et se mit à en
manger les figues. Il fut aussitôt pris par le propriétaire du verger qui lui
demanda :
- Qui es-tu ? Que fais-tu sur mon arbre ?
- Je suis un rossignol, lui dit Djeha-Hodja Nasreddin.
- Si tu es vraiment un rossignol, répondit le propriétaire, alors fais-nous entendre
ton chant.
Djeha-Hodja Nasreddin émit des sons étranges, essayant d'imiter le rossignol.
- Quel genre de rossignol es-tu ? Dit l'homme. Un rossignol ne chante pas comme
ça !
- Effectivement, dit Djeha-Hodja Nasreddin, ceci est la manière dont chante un
jeune rossignol inexpérimenté.
71 Le sauvetage de la lune
Djeha-Hodja Nasreddin bailla et s'étira.
- Il est temps d'aller au lit, se dit-il en se frottant les yeux, mais prenons d'abord
un bon verre d'eau fraîche
Il essaya d'atteindre la cruche. Vide ! .
- Kalima ! Appela t-il, Kalima !
Aucune réponse ! Il devait aller lui-même au puits pour remplir la cruche. Une
fois dehors, il inspira profondément, appréciant la fraîcheur de l'air et humant le
parfum des fleurs d'amandier. Il était bien content que Kalima soit endormie
- Je me demande si l'eau est noire ou dorée, par une telle nuit, pensa-t-il.
Il se pencha pour regarder le fond du puits, ses yeux grand ouverts. Aussitôt il
poussa un cri et pleura, cherchant désespérément quelqu'un pour l'aider.
- Kalima ! Appela t-il, Kalima ! La lune est tombée dans le puits !
Aucune réponse et personne pour l'aider. Quelque chose était arrivé qui rendrait
triste le monde entier. Lui, et lui seul pouvait rétablir les choses et il devait
trouver un moyen pour cela. Mais, il était troublé et ne savait par où commencer ?
Il remarqua le crochet au bout de la corde qu'il tenait dans sa main.
- Si ce crochet peut soulever un seau d'eau, il peut sûrement soulever la lune, se
dit-il. Tiens bon, belle lune, tout sera bientôt comme avant.
Il envoya le crochet dans le fond et le ramena, mais il n'y avait rien d'accroché
malgré ses efforts ! Soudain, dans un nouvel effort, il tomba à la renverse, les
yeux fixés au ciel. Il vit alors la lune, une pleine lune bien ronde, qui brillait dans
le ciel.
- Oh Lune ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin triomphant, cela a été un rude un combat,
mais je t'ai sauvée. Maintenant tu peux briller à nouveau pour le monde entier.
Djeha-Hodja Nasreddin et
son burnous
77 Le banquet et le burnous
- Vite ! Tu vas être en retard pour le banquet de Khalid ! Plusieurs personnes ont
donné ce conseil à Djeha-Hodja Nasreddin comme il rentrait chez lui, après avoir
travaillé dans son vignoble.
- Ils ont raison, a admis Djeha-Hodja Nasreddin, ajoutant :
- Je serai en retard pour le dîner, à moins que je n'y aille maintenant – tel que je
suis.
Il a redirigé son âne vers la maison de Khalid. Arrivé là, il l'attacha à un pieu dans
la cour de Khalid. Toujours sûr d'être le bienvenu, il a distribué sourires et
plaisanteries à droite et à gauche. Il était tellement content qu'il n'a pas remarqué
que personne ne l'écoutait ! Bien plus étrange encore, quand le potage fut servi,
Khalid conduisit les autres hommes à table, ne prêtant aucune attention à Djeha-
Hodja Nasreddin.
- Oh Khalid Effendi ! Dit gaiement Djeha-Hodja Nasreddin. J'ai constaté une
excellente récolte dans votre vignoble.
Occupé avec des invités mieux habillés, Khalil semblait ne pas avoir entendu.
Djeha-Hodja Nasreddin regarda attentivement les invités. Chaque homme portait
ses vêtements les plus beaux. Alors Djeha-Hodja Nasreddin regarda ses propres
mains, durcies par le travail dans le vignoble. Il regarda ses propres vêtements
rapiécés. Tranquillement, il s'esquiva, détacha son âne et rejoignit sa maison.
- De l'eau chaude et du savon, ordonna t-il à sa femme. Mes nouvelles chaussures
! Mon turban le plus beau ! Mon beau burnous blanc ! Ajouta t-il.
Djeha-Hodja Nasreddin était devenu un homme nouveau, que sa femme admirait,
ne l'ayant pas vu, depuis des années, aussi bien paré. Arrivant à la maison de
Khalid, un domestique le salua et le conduisit dans la pièce du banquet. Khalid
l'escorta à la meilleure place. Il fut bien servi et tous les hommes lui souriaient et
ne prêtaient attention qu'à lui. Au moment le plus propice, Djeha-Hodja Nasreddin
prit le morceau de viande le meilleur et, au lieu de le porter à sa bouche, ouvrant
son burnous, il plaça la viande dans une poche intérieure.
- Mange, burnous, mange ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin, qui fit suivre la viande
par une poignée de pilaf, un morceau de fromage et une figue.
- Mange, burnous, mange ! Répétait Djeha-Hodja Nasreddin à chaque bouchée
introduite dans la poche intérieure du burnous.
Les invités se sont arrêtés de manger pour regarder Djeha-Hodja Nasreddin
alimentant son burnous.
- Dites-moi, Djeha-Hodja Nasreddin Effendi, lui dit Khalid, que signifie cette
façon de parler à votre burnous et de lui donner à manger.
- Quand je suis entré ici avec mes vieux habits, il n'y avait pas de place pour moi
à cette table. Mais quand je suis revenu, paré de nouveaux habits, rien n'était trop
beau pour moi. Cela montre que c'était le burnous, et non pas moi, que vous avez
invité à votre banquet.
78 Le burnous de Djeha-Hodja
Nasreddin
Un matin, ses voisins interrogèrent Djeha-Hodja Nasreddin, lui demandant quel
était ce tapage qui, la nuit dernière, venait de sa maison :
- Cela ressemblait à quelque chose qui dégringolait un escalier. Que s'est–il donc
passé ?
- Ce n'est rien, dit Djeha-Hodja Nasreddin, juste mon burnous que ma femme
avait jeté au bas de l'escalier.
- Mais un vêtement ne fait pas tant de bruit ! Rétorquèrent les voisins.
- C'est que moi, j'étais dedans, répondit Djeha-Hodja Nasreddin.
Histoires logiques
80 Couper la branche sur laquelle on
est assis
Djeha-Hodja Nasreddin était assis à califourchon sur une grosse branche de
cerisier, ses culottes amples et son long burnous blanc enserrant sa taille et ses
jambes se balançant d'un côté à l'autre, chaque fois qu'il maniait sa hache.
- Le salut sur toi, Djeha-Hodja Nasreddin Effendi ! Appela une voix en dessous.
- Sur toi le salut, Khalid Effendi ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin assis en équilibre
sur la branche. Posant sa hache, il arrangea son turban qui avait glissé sur le côté.
- Tu vas tomber de cet arbre ! L'avertit Khalid. Regardes comme tu es assis !
- Tu ferais mieux de regarder où tu marches, rétorqua Djeha-Hodja Nasreddin.
Les gens qui regardent les cimes des arbres et les nuages sont sûrs de se cogner
les orteils.
Soudain, la branche s'est retrouvée au sol, suivie par la hache, puis par Djeha-
Hodja Nasreddin. Il était trop occupé pour remarquer qu'il était assis du mauvais
côté de la branche qu'il était en train de couper.
- Tu es un sage, Khalid Effendi, dit Djeha-Hodja Nasreddin. Tu m'as dit quand
j'allais tomber. Tu es sûrement un prophète. Dis-moi maintenant, quand je vais
mourir.
- Quand ton âne aura fini de braire quatre fois, lui dit Khalid.
Trop contusionné et ébranlé pour continuer à travailler désormais, Djeha-Hodja
Nasreddin monta sur son âne et se dirigea vers sa maison. Quant à l'âne, il
songeait à son râtelier, au foin qu'il contenait et à son petit ânon. A ce rappel, il
allongea son cou et se mit à braire. Soudain Djeha-Hodja Nasreddin s'est rappelé
la prophétie de Khalid, juste après sa chute du cerisier.
- Amin, Amin ! S'exclama Djeha-Hodja Nasreddin. Je suis un quart de mort !
Un peu plus loin sur la route, ils ont rencontré un autre âne et son cavalier. Le
petit animal de Djeha-Hodja Nasreddin lança un braiment en guise de salutation
amicale à son congénère.
- Oh ! Là ! Là ! Se dit Djeha-Hodja Nasreddin, en frissonnant. Je suis demi-mort !
L'âne a alors commencé à penser au ruisseau où il se désaltérerait bientôt, et à
l'évocation de l'eau fraîche qui l'attendait, il a lancé un troisième braiment.
- Amin, Amin ! Gémit Djeha-Hodja Nasreddin. Je suis maintenant aux trois quarts
mort !
Il a caressé l'âne et s'est mis à lui parler, pour détourner l'animal d'un autre
braiment fatal. Juste devant lui, des hommes criaient des ordres à leurs ânes. Les
oreilles du petit âne de Djeha-Hodja Nasreddin se dressèrent. Il voulait faire
savoir à ses amis ânes qu'il arrivait. Il leur adressa un long et tonitruant braiment
de salutation. C'était le quatrième.
- Amin, Amin ! Cria Djeha-Hodja Nasreddin, en tombant de son âne. Je suis
mort ! Je suis mort !
Les hommes de la caravane proche se sont précipités vers lui. Ils l'ont secoué. Ils
l'ont pincé. Il était aussi flasque qu'une sacoche de selle vide.
- Il a dit qu'il était mort, ont dit les hommes. Il doit sûrement savoir. Nous devons
le ramener à son village.
Ils ont chargé son corps sur son propre âne. Ils sont revenus vers Ak Shehir, se
demandant comment annoncer la nouvelle à sa femme. Ils ont pris un chemin qui
leur a semblé être un raccourci pour aller au village.
- Le raccourci est trop boueux, dit l'un d'eux.
- Mais la route est plus longue et trop caillouteuse, dit un autre.
- Le raccourci économisera une heure de voyage, dit un troisième.
Ils n'ont pas cessé de se disputer, jusqu'à..
- Quand j'étais vivant, s'écria Djeha-Hodja Nasreddin. Quand j'étais vivant, je
prenais toujours cette route.
Djeha-Hodja Nasreddin indiqua le chemin le plus court. Stupéfaits et effrayés, les
hommes ont rejoint leurs ânes et filé sans demander leur reste. Arrivé chez lui,
Djeha-Hodja Nasreddin s'est assis sur le seuil, en méditant sur son sort : était-il
mort ? Était-il vivant ?
81 Djeha-Hodja Nasreddin et le
mendiant
Confortablement installé sur la terrasse de sa maison, Djeha-Hodja Nasreddin se
prélassait, en goûtant la douceur d'un après-midi printanier, quand quelqu'un
l'appela de la rue :
- Djeha-Hodja Nasreddin ! Djeha-Hodja Nasreddin ! Descends voir ! J'ai une
question à te poser !
Il appela plusieurs fois et Djeha-Hodja Nasreddin finit par descendre, quoique à
contrecSur. Il trouva un homme qui tendait la main.
- Djeha-Hodja Nasreddin, donne-moi une pièce, s'il te plaît. Dieu te la rendra au
centuple.
- C'était donc cela ta question ! C'est pour ça que tu as troublé ma tranquillité !
Viens avec moi !
Le mendiant grimpe péniblement avec Djeha-Hodja Nasreddin jusqu'à la terrasse.
- Maintenant, lui dit Djeha-Hodja Nasreddin, voici ma réponse : c'est non.
82 La véritable tornade
Djeha-Hodja Nasreddin et son ami sont allés à la chasse au loup. Espérant
ramener un louveteau, son ami entra dans une tanière. Soudain, la louve apparut,
et avant qu'elle ait pu y pénétrer, Djeha-Hodja Nasreddin la saisit par la queue. La
louve s'est débattue, pour se libérer. Pendant ce temps, son ami qui n'avait aucune
idée de ce qui se passait à l'extérieur de la tanière, dit :
- Hé, Djeha-Hodja Nasreddin ! Qu'es-tu en train de faire ? Tu envoies plein de
poussière, on dirait une tornade.
- Tu ferais mieux de prier, lui répondit Djeha-Hodja Nasreddin, pour que la queue
tienne bon. Si elle devait céder, tu verrais alors ce qu'est une véritable tornade.
83 Le chat et le gigot
Djeha-Hodja Nasreddin va au marché et achète un gigot de trois livres. Il rentre
chez lui et donne la viande à sa femme, en lui demandant :
- Voici la viande pour le déjeuner. Fais-la cuire à point, comme je l'aime !
Puis il sort.Sa femme fait cuire le gigot. Comme on frappe à la porte, elle ouvre :
c'est son frère qui revient de voyage. Il a faim. Tous deux se mettent à table et
finissent par manger tout le gigot.Djeha-Hodja Nasreddin rentre et dit :
- Ça sent bon ! Où est la viande que j'ai achetée ?
- Le chat a tout mangé pendant que j'étais occupée à faire le ménage, répond sa
femme.
Djeha-Hodja Nasreddin court après le chat. Il l'attrape et le met sur le plateau de la
balance : il constate alors qu'il pèse trois livres.
- Scélérate, crie-t-il à sa femme. Si les trois livres sont de la viande, où est le
chat ? Et si c'est le poids du chat, où est la viande ?
85 Le joueur de luth
Quelqu'un demanda, un jour, à Djeha-Hodja Nasreddin s'il savait jouer du luth.
- Oui, répondit Djeha-Hodja Nasreddin
On lui donna un luth et il commença à jouer.
- Diiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing ....
Toujours la même note, avec la même corde, à plusieurs reprises. Après quelques
minutes, les gens demandèrent à Djeha-Hodja Nasreddin de cesser de jouer.
- Djeha-Hodja Nasreddin, ce n'est pas une façon correcte de jouer du luth, vous
jouez toujours la même note. Les joueurs de luth déplacent leurs doigts de haut en
bas et vice-versa.
- Eh bien, je sais pourquoi ils vont en haut et en bas et essayent les différentes
cordes.
- Pourquoi donc cela ?
- Parce qu'ils cherchent cette note que, moi, j'ai déjà trouvée.
87 Le potage du potage
- Quel bel animal ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin, en prenant le lapin dodu que
Yacine le braconnier venait de lui offrir.
- Je l'ai attrapé particulièrement pour vous ! Sourit Yacine
- Kalima ! Kalima ! Appela Djeha-Hodja Nasreddin.
Voilant son visage, Kalima est venu de la cuisine où elle était affairée.
- Regarde le dîner que Yacine nous a apporté !
Djeha-Hodja Nasreddin a ri sous cape en prévision du bon repas qui l'attendait,
comme Kalima prenait le lapin.
- Je lui demande de rester et de le manger avec nous, dit Djeha-Hodja Nasreddin.
Fais pour le mieux pour le cuisiner.
Laissés seuls, les deux hommes se sont assis sur la natte et ont parlé - du moins,
c'est Djeha-Hodja Nasreddin qui parlait et le braconnier qui écoutait. Djeha-Hodja
Nasreddin savait qu'il restait deux heures avant que le repas ne soit prêt, mais
quelle meilleure façon de passer deux heures avec un auditeur aussi attentif ?
L'arôme piquant du lapin commençait à chatouiller leurs narines. Enfin la porte
s'ouvrit, Kalima portant un plateau contenant le lapin et du pilaf ainsi que des
tranches de pain.
- Quelle cuisinière ! Soupira Yacine.
- Quel lapin ! Marmonna Djeha-Hodja Nasreddin, la bouche pleine.
Ils ont mangé jusqu'au dernier morceau.
- Il reste les os ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin repus et somnolent. Les potages de
Kalima sont aussi bons que son pilaf.
De retour chez lui, Yacine, annonça à ses voisins comment il avait été royalement
traité à la maison de Djeha-Hodja Nasreddin. Le matin suivant, Djeha-Hodja
Nasreddin était de nouveau demandé à sa porte, où se trouvaient deux villageois -
des étrangers probablement. En se rappelant son plaisir de la veille, Djeha-Hodja
Nasreddin jeta rapidement un coup d'œil à leurs mains. Vides !
- Que voulez-vous ? Leur dit Djeha-Hodja Nasreddin.
- Nous sommes les voisins du braconnier qui vous a apporté le lapin hier.
Les hommes semblaient attendre quelque chose. Ils ont humé l'arôme qu'exhalait
le potage que Kalima était en train de préparer.
Oh ! Un excellent camarade que Yacine ! - Dit Djeha-Hodja Nasreddin. Tous les
voisins sont les bienvenus. Entrez ! Entrez Le dîner sera bientôt prêt et vous
verrez quel bon potage Kalima peut faire avec les os du lapin. Une grande
cuisinière que ma Kalima !
Bientôt Kalima apporta un plateau avec trois bols de soupe fumante, une soupe
épaisse avec du riz et des légumes et quelques minuscules morceaux de viande de
lapin. Djeha-Hodja Nasreddin parlait pendant qu'il mangeait, mais sans
l'enthousiasme de la veille. Rassasiés, les hommes l'ont remercié pour le repas et
sont retournés à leur village, vantant l'hospitalité de Djeha-Hodja Nasreddin. Le
matin suivant, Djeha-Hodja Nasreddin est allé prudemment répondre à un coup
donné à sa porte. Deux autres villageois - des étrangers de nouveau – étaient là.
- En quel honneur, cette visite ? Dit Djeha-Hodja Nasreddin en jetant un coup
d'œil à leurs mains vides.
- Nous sommes les voisins des voisins du braconnier qui vous a apporté le lapin.
Djeha-Hodja Nasreddin plissa les yeux et leur dit :
- Entrez et venez partager mon modeste repas.
Pendant qu'ils prenaient place, Djeha-Hodja Nasreddin est entré à la cuisine. Il a
versé une bouilloire d'eau chaude sur la cuillerée qui avait servi pour le potage de
la veille. Il a versé le liquide obtenu dans les bols qu'il a portés à la pièce où les
hommes attendaient.
- Oh les voisins des voisins du braconnier qui m'a apporté le délicieux lapin !
Vous allez adorer ce potage du potage des os du lapin.
Un voisin des voisins de Yacine a regardé son bol d'eau chaude dans lequel
surnageaient deux grains de riz à côté de maigres rognures de navet. L'autre voisin
des voisins de Yacine a regardé son bol dans lequel surnageaient deux grains de
riz avec un lambeau d'oignon et une rognure de carotte. Djeha-Hodja Nasreddin a
fait un grand bruit en vidant son bol avant de raccompagner ses invités.
Et le jour suivant Kalima et Djeha-Hodja Nasreddin ont pu déguster, sans être
dérangés cette fois-ci, un repas bien calme.
92 Partage inéquitable ?
Quatre garçons vinrent trouver Djeha-Hodja Nasreddin et lui dirent :
- Nous ne pouvons pas partager des noix équitablement entre nous. Voulez-vous
nous aider ?
- Voulez-vous le partage de Dieu ou celui du commun des mortels ? Leur
demanda Djeha-Hodja Nasreddin.
- Le partage de Dieu, répondirent-ils.
Djeha-Hodja Nasreddin ouvrit le sac et donna deux poignées de noix à l'un des
garçons, une poignée à un autre, deux noix au troisième et une noix au quatrième.
- Qu'est-ce que c'est que cette distribution, s'exclamèrent les enfants.
- C'est la manière divine, rétorqua Djeha-Hodja Nasreddin. Il donne beaucoup à
certains, peu à quelques-uns et rien à d'autres. Si vous aviez choisi la manière des
hommes, j'aurais fait un partage équitable.
96 La vérité ou la mort
Un jour le roi décida de forcer tous ses sujets à dire la vérité. Un gibet fut
érigé devant les portes de la ville. Un héraut annonça que quiconque
entrerait dans la ville devait d'abord répondre à une question qui lui sera
soumise. Djeha-Hodja Nasreddin était le premier de la listes. Le capitaine
de la garde lui a demandé
- Où allez-vous ? Dites-nous la vérité – sinon ce sera la mort par
pendaison.
- Je vais à ce gibet, dit Nasreddin, pour y être pendu.
- Je ne vous crois pas.
- Très bien, si j'ai dit un mensonge qu’on me pende de suite!
- Mais ce pourrait être la vérité, dit le capitaine !
- Exactement, dit Nasreddin, votre vérité.
Allah : Dieu unique, pivot de la foi islamique. Il est unique (Ahad) et Un (whid), créateur, juge et
rédempteur. "Il n'engendre pas et n'est pas engendré". Il est omnipotent et omniscient et maître
des mondes.
Baklava : Gâteau oriental à pâte feuilletée, comportant notamment du miel et des amandes
Bey : Titre porté par les souverains vassaux du Sultan ou par certains hauts fonctionnaires turcs
Burnous : Grand manteau de laine, avec une capuche et sans manches (en usage surtout dans le
Maghreb).
Coran (Koran) : Livre sacré des musulmans qui le considèrent comme la parole de Dieu livrée
au prophète Mohammed par l'intermédiaire de Gabriel, l'ange de la révélation; ils croient que
Dieu lui-même, et non Mohammed, en est l'auteur et par conséquent que le Coran est inimitable
et infaillible. Le texte du Coran est l'ensemble des passages révélés à Mohammed au cours des
vingt-deux années de sa vie prophétique (610-632)
Djellaba : Vêtement de dessus, longue robe à manches longues et capuchon, porté par les
hommes et les femmes en Afrique du nord.
Dolmas : Plat de viande et de riz, cuits avec des tomates, des choux, etc., souvent sous forme de
courgettes ou d'aubergines farcies.
Effendi : Ancien titre de dignitaires civils ou religieux, chez les Turcs (maître).
Halva : Confiserie orientale (plutôt turque) faite de farine, d'huile de sésame, de miel, de fruits et
d'amandes (ou pistache).
Hammamji : propriétaire ou gérant d'un hammam (bain public), parfois simple préposé au bain.
Haroun Al-Rachid : Célèbre calife de l'époque abbasside (766-809).
Hodja : Maître.
Khan : Titre que prenaient les souverains mongols, les chefs tartares, et qui passa avec eux en
Inde et au Moyen Orient.
Imam : Guide religieux musulman, chargé également de diriger la prière dans une mosquée
Luth : Instrument de musique à cordes pincées, importé en Europe par les Arabes et qui connut
une grande vogue du 16ème au 18ème siècle.
Muezzin : Personnalité religieuse musulmane attachée à une mosquée et chargée de l'appel (du
haut d'un minaret) des fidèles à la prière.
Pilaf : Riz, servi fortement assaisonnement, comportant des morceaux de viande, de volaille, etc.
Rahat lokoum : Confiserie orientale, faite d'une pâte aromatisée enrobée de sucre en fine poudre
(littéralement "le repos de la gorge").
Ramadan : Période de jeûne, correspondant au mois lunaire de même nom, pendant laquelle les
musulmans doivent s'astreindre à l'abstinence du lever au coucher du soleil.
Sultan : A l'origine, souverain de l'empire ottoman. Roi ou prince, dans les pays musulmans.
Tajine : Ragoût de mouton ou de poulet et, par extension, plat à couvercle conique dans lequel
cuit ce ragoût.
Tamerlan : Forme francisée de Timour Lang, appelé parfois "Timour le boiteux" (1336-1405), à
cause de la perte de l'usage d'une jambe au cours d'une bataille. Chef d'un clan turco-mongol, qui
devint Sultan musulman en 1388.
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