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Monseigneur Turcotte: la foi en héritage



On apprenait récemment que Monseigneur Turcotte entrait aux soins palliatifs. La suite se laissait deviner. Hier, la nouvelle est tombée: il est décédé.

C’est une figure aussi importante qu’attachante du catholicisme québécois qui nous quitte ainsi. Dans une société qui a développé au fil des cinquante dernières années une profonde rancœur à l’endroit de l’Église, il aura tenu un pari impossible: donner un visage sympathique au catholicisme.

Un homme généreux

Jean-Claude Turcotte avait la physionomie bonhomme et une manière toute simple de s’inscrire dans la société. Cela contribuait certainement à son charisme. Il était tout en rondeur et d’une bienveillance manifeste. On le savait près des pauvres et des humbles. On le disait aussi d’une générosité sans bornes. Et la rumeur était vraie. Ce n’était pas un personnage composé pour les médias.

Manifestement, il n’avait pas la foi d’un théologien, assénant ses vérités de très haut et de très loin, mais celle d’un héritier, qui témoignait, dans notre monde déchristianisé, de la persistance d’un héritage et d’une mémoire. Cela ne veut pas dire pour autant que les théologiens ne sont pas nécessaires. La foi d’un héritier est moins complexe, mais elle touche probablement plus spontanément les cœurs.

Il était devenu prêtre en 1959, une année avant le début de la Révolution tranquille. Comme tant d’autres prêtes, il aurait pu défroquer dans les années suivantes. Longtemps, ceux qui voulaient servir notre peuple devaient passer par l’Église. C’était l’institution principale du peuple canadien-français. À partir de 1960, ce n’était plus nécessaire. Pourtant, Jean-Claude Turcotte est demeuré fidèle à sa vocation.

Nationaliste

Dans le Nouveau Monde qui naissait, il avait décidé de faire valoir la meilleure part de l’ancien. Mais sans amertume. Il aurait pu s’enfermer dans l’Église comme dans une forteresse et maudire son mauvais sort. Il s’est plutôt investi dans la cité en rappelant que les catholiques y avaient une place, que leur religion n’était pas réductible à sa caricature. Il faisait corps avec son peuple, et d’ailleurs, on avait fini par deviner qu’il partageait ses aspirations nationales.

J’entends déjà la critique: l’homme était admirable, mais il endossait la morale sexuelle de l’Église. Évidemment, cette morale n’est plus la nôtre, mais on ne saurait sérieusement en vouloir à un homme d’Église de défendre ses positions. On notera qu’il le faisait sans dureté ni condescendance. D’ailleurs, chez les catholiques, on lui a souvent reproché de se faire trop discret en la matière.

Il rappelait aussi aux Québécois ce que bien peu parvenaient à leur faire entendre: le catholicisme était une part fondamentale d’eux-mêmes. Partout, il a laissé sa trace. C’est à travers lui que nous avons longtemps marqué les grandes étapes de l’existence, de la naissance à la mort en passant par le mariage. C’est à travers lui que nous avons accédé à la beauté. Quiconque visite vraiment notre pays n’a pas le choix de visiter ses églises.

L’essentiel est simple: Monseigneur Turcotte était un homme fidèle, à son peuple comme à sa religion. Je crois comprendre que chez lui, les deux allaient ensemble.


Quels sont vos meilleurs souvenirs de cet homme du peuple ?

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