Chapitre 18.

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La porte s'ouvrit.

D'abord, Je vis un inspecteur tourné vers une sorte de longue fenêtre encastrée dans le mur. Il se retourna vers moi, l'air surprit, quand j'entrai dans la pièce.

Puis je compris que le monstre était juste derrière la vitre. Sans doute en train de parler à un autre policier, assit sur une chaise.

Alors même que je tremblais de tous ses membres à quelques mètres.

L'officier Gerald hocha la tête en direction de l'inspecteur. L'autre acquiesça lentement, et se retourna vers moi pour me détailler un peu mieux. Je fixai le sol.

Je ne voulais pas lever la tête.

Pas encore.

L'homme chuchota quelques mots à l'intention de l'officier Gerald et celui-ci prit doucement mon bras.

- Regardez-moi, dit-il en me tournant vers lui. Vous ne risquez rien. Il ne peut rien vous faire.

- Est ce qu'il va me voir ? m'enquis-je d'une voix ressemblant à un pauvre murmure.

- S'il se retourne, oui, souffla t-il d'une voix douce. Mais je vous répète que vous n'avez rien à craindre. Il risque bien de ne pas faire attention à vous s'il est concentré sur l'interrogatoire.

Je hochai vaguement la tête mais ne répondis rien.

- Approchez vous, poursuivit-il. Vous pouvez le faire, il ne va rien vous arrivez. Je vous ai dit que nous savions ce qu'il s'était passé. Vous ne me croyez peut-être pas pour l'instant, mais vous devez vous rendre à l'évidence. Relevez la tête, l'interrogatoire va reprendre.

Je repris mon souffle. Ça ne changerait rien de toute façon. Que je le vois ou pas ne changerait rien. Je devais le faire.

Je fis quelques pas et m'approchai de la vitre. Puis je relevai la tête.


Il était de dos. Je ne voyais que des cheveux bruns, un torse assez large. Puis soudain le policier qui l'interrogeait revint.

Et ce monstre ouvrit la bouche pour parler.

- Je voudrais de l'eau.

Une phrase anodine, prononcée d'un ton assuré et posé. Un ton qui ne craignait rien et était sur de lui.

Mais pour moi c'était bien plus. C'était lui. C'était sa voix.

Je revis une ombre m'attraper dans la nuit, je revis sa sombre stature me dominer de toute sa grandeur alors que j'étais effondrée sur le sol glacé de ma prison.

La voix qui m'avait annoncé qu'il était venu m'achever.

Je rouvris les yeux, me rendant compte que je les avais fermé. Je tremblais tellement que le policier me prit le bras, de peur que je ne m'effondre.

Je savais que ce serait dur. Je le savais.

Alors pourquoi étais-je surprise d'être aussi faible ?

Mon reflet dans la vitre m'observa. J'étais dans une sorte de robe blanche d'hôpital, un manteau trop grand sur les épaules, l'air misérable. Mon visage était encore pire que mon corps presque maigre. Des larmes me parcouraient les joues à toutes allure, mes yeux étaient cernés et ternes, et mes cheveux abimés me faisaient ressembler à une sorcière.

Mais une sorcière faible, folle, et complètement seule.

- Je ne vois pas pourquoi je vous en donnerait, répondit le policier d'un ton sec et méprisant. Je ne tiens pas à vous soulager de quoi que ce soit.

- Libre à vous mon ami.

Il était poli. Et tellement calme. Il n'aurait pas dû l'être autant. Il avait la voix de quelqu'un qui sait qu'il ne risque rien.

Je recommençai à trembler. J'avait tellement peur qu'il se retourne et qu'il me voit. Que ferait-il ? Il se jetterait contre la vitre ?

Mais c'était ridicule. Il ne se retournerait pas puisqu'il ne savait même que j'étais là et qu'il ne pouvait pas m'entendre.

- Reprenons où nous en étions, soupira le policier, toujours aussi méprisant.

Le monstre poussa un petit soupir presque satisfait qui me fit frémir et il commença à raconter. Les mots coulaient avec rapidité et fluidité de sa bouche, ce n'était pas un discours que l'on apprend par coeur. Il était trop sûr de lui.

Il raconta l'exacte copie de ce que m'avait dit l'officier Gerald. Le policier en face de lui notait sur un petit calepin ses paroles. Il acquiesçait et le fixait de plus en plus avec dégout et horreur au fur et à mesure que l'autre racontait. Malgré ça, il posa beaucoup de questions, très professionnel. Il attendait qu'il fasse une erreur qui le trahirait. Lorsque l'autre fit une pause, le policier se passa une main sur son visage. Il avait l'air confus. Ça ne devait pas lui arriver qu'un assassin lui confirme de lui même avoir tué une fille et enlevé l'autre, complétant ainsi les informations trouvées par la police.

J'observai ce monstre raconter ce qu'il s'était passé, parfaitement décontracté. Je ne m'arrêtais pas de pleurer, je n'y arrivais pas. Parce que devais l'avouer, l'officier Gerald avait raison, il n'y avait pas d'autre solution.

Puis il reprit. Il raconta la fin. Jusqu'à sa capture.

Quand il eu fini, il pivota lentement sur sa chaise et se tourna vers moi.

Et il me sourit, une flamme dangereuse dans les yeux.


Chasseur de primesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant