Grande-Fin

Romain Buffat
Critique du 17/04/2024 par Alice Bottarelli

Un mois pour traverser et comprendre les États-Unis. Un mois pour retracer la vie d’un père. Il s’avère que la seconde gageure est bien plus aisée que la première. Car la vie de cet homme, Daniel, disparu du jour au lendemain, n’est qu’une suite étale de jours sans événements, dans le désir permanent du week-end et la hantise du lundi. Travailleur modeste à l’Imprimerie d’un quotidien, c’est justement sur son propre quotidien que ce père n’a plus prise, et depuis longtemps. Raison pour laquelle, sans doute, il a choisi la fuite, la disparition, une quinzaine d’années avant le début du récit.

Son fils Jérôme mène l’enquête sur ce père qui, au retour de pénibles journées de travail, sur la route du petit village suisse romand de Grande-Fin, écoutait systématiquement Bruce Springsteen. Fasciné par la culture du spectacle, frelatée et artificielle, qui transpirait de ce continent, Daniel faisait résonner en boucle dans l’habitacle de la Seat l’éternel album Nebraska. Y avait-il quiconque d’autre que Bruce Springsteen pour transcrire sa réalité de « working poor » dans l’un des pays les plus riches du monde ? Pour le faire rêver d’ailleurs, d’indépendance et de liberté ? Est-ce donc de l’autre côté de l’Atlantique, dans les grands espaces vides (ou remplis seulement d’espoir), que ce père est parti, sans plus jamais donner de nouvelles, laissant derrière lui sa famille, son travail (dont il venait d’être licencié), son existence si limitée ?

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Approfondissements
Hommage à Annik Mahaim: Une plume féconde et engagée
L'auteure lausannoise est décédée le 17 janvier 2024
Approfondissement du 05.02.2024 par Ursula Gaillard

Annik Mahaim avait la joie du mot chevillée au corps. Elle est décédée d’un cancer le 17 janvier 2024, non sans laisser un dernier roman publié en août 2023. Franchir les ravins raconte l’histoire de trois femmes aux prises avec leur destin : Sophia, cardiologue est en proie au désamour, Nisha, d’origine mauricienne, responsable d’une collection prestigieuse dans une maison d’édition qui la licencie pour cause de restructuration, et Juliette, jeune graphiste, atteinte d’un cancer du sein. Le traitement sans complaisance des obstacles auxquels se heurtent ces trois protagonistes contraste avec le lyrisme réservé aux nuages, lumières et reflets toujours changeants du paysage lémanique. Le désir d’enchanter la vie par-delà les horreurs du monde et les vicissitudes de l’existence y est partout sensible. Un scintillement rédempteur sur le lac en cette année 2022 rappelle celui évoqué dans Radieuse matinée, magnifique récit autobiographique publié en 2016.

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Una saggezza con il volto dell'ironia
(Un ricordo di Aurelio Buletti)
Approfondissement du 23.01.2024 par Leopoldo Lonati

«…la scampano solo parole / oltre l’Arrivo» [1]

Per chi ha avuto la fortuna di conoscerlo, Aurelio Buletti (Giubiasco, 7 maggio 1946 – Lugano, 16 novembre 2023) è stato figura esemplare per umanità e cultura.
In questi anni lo si poteva incontrare per le strade di Lugano in compagnia della moglie Giovanna, al bar Pedro o più recentemente, quando i suoi tragitti si eran fatti un po’ più brevi, in qualche bar di Cassarate a sorseggiare un caffè.
Uomo di lieve e intelligente (auto)ironia, ci ha regalato una scrittura calma e lieve ma non superficiale: una poesia da camera, aerea come una «farfalla», secondo un’immagine di Clara Caverzasio ripresa da Gilberto Isella in un bel testo apparso nei «Quaderni grigionitaliani» del 2006.
Poesia da camera di un poeta dalle scarpe robuste però, come quelle che calzava anche solo per scendere le scale e accompagnarti al cancello. La leggerezza e la robustezza di chi conosce bene il suo mestiere e oscilla tra il vedersi ora in figura di volatile (beccuzzo qualche immagine / nell’erba della vita e dei poeti [2]) e ora di asino:

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Poesie und Prosa: fliessende Grenzen
Klaus Merz, Zsuzsanna Gahse, Felix Philipp Ingold
Approfondissement du 04.12.2023 par Beat Mazenauer

Die Aufgabe bleibt die Aufgabe

Die Leichtigkeit seiner Gedichte ist ein Markenzeichen von Klaus Merz. So licht und einfach sie erscheinen, täuschen sie doch nie darüber hinweg, dass in ihnen die harte Arbeit des Verdichtens steckt. Gleich eingangs im neuen Band Noch Licht im Haus demonstriert es Merz in einem Dreizeiler im Versmass 7-5-5.

Unsere Aufgabe bleibt
die Aufgabe. Ich
arbeite daran.

Was oberflächlich wie ein bestärkender Pleonasmus klingt, eröffnet im Kern zwei Lesarten. In der Aufgabe steckt sowohl der Auftrag wie das Aufgeben, mit je ungleichen Vorzeichen des Aufbruchs oder des Verzichts. So erhalten die drei einfachen Zeilen eine prekäre Note, die allenthalben in diesem Band aufblitzt. Worte sind Dreh- und Angelpunkte, die Ambiguitäten erschliessen und Räume zwischen den Zeilen öffnen. Mit kleinsten Verschiebungen setzt Klaus Merz sein allgegenwärtiges lyrisches Ich in Situationen und Bilder, die so schlicht wie unauflösbar erscheinen. Dabei gilt: «alle Wege führen / im Morgengrauen / zurück zu mir» – zum Kind im Dichter. Sei es, wenn im nächtlichen Donnergrollen die «grossen Kindheitsgewitter» leise nachhallen, seien es die Stromschläge, die Mutter einst verabreicht wurden und die noch immer «gegen die eigene Schläfenwand» branden – mit einem Seitenblick auf Merz' Kernerzählung «Im Schläfengebiet».

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