Washington devra «au final» négocier avec Assad

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SyrieWashington devra «au final» négocier avec Assad

Les Etats-Unis devront finalement s'entendre avec le président syrien pour une transition politique en Syrie, a annoncé dimanche le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

L'administration américaine soutient de longue date que M. Assad doit quitter le pouvoir au terme d'une transition politique négociée. Mais l'émergence d'un ennemi commun, l'Etat islamique (EI), semble atténuer l'attitude de Washington vis-à-vis du maître de Damas.

Dans une interview diffusée dimanche par CBS, John Kerry n'a pas repris la formule habituelle de l'administration Obama sur le fait que M. Assad a perdu toute légitimité et qu'il doit partir. «Nous devons négocier à la fin», a-t-il dit. «Nous avons toujours voulu négocier dans le contexte du processus de Genève I.»

Les discussions de Genève I et Genève II, l'an dernier, entre une délégation du gouvernement syrien et des représentants de l'opposition ont échoué. Depuis, la diplomatie patine et aucune rencontre de type Genève III n'a été programmée.

Marie Harf, une porte-parole du département d'Etat, s'est toutefois empressée de préciser sur Twitter que John Kerry avait «réitéré la ligne que nous suivons depuis longtemps. Nous avons besoin d'un processus de négociations avec la participation du régime. Il n'a pas parlé de négociations directes avec Assad».

Nouveaux raids

Sur le terrain, l'armée syrienne a mené dimanche des raids aériens sur Douma, bastion rebelle à quelques kilomètres au nord-est de Damas. Ces attaques ont fait 18 morts et une centaine de blessés parmi lesquels des enfants, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition.

Selon les médias officiels syriens, les forces gouvernementales ont également tué dans la nuit de samedi à dimanche des dizaines de combattants affiliés au groupe djihadiste Al Nosra, dont trois commandants de haut rang, dans le sud du pays.

Dans un communiqué, l'armée syrienne a également fait allusion à des opérations en cours dans la province de Kouneïtra, sans fournir de précisions sur d'éventuelles victimes.

L'OSDH rapporte pour sa part que les hélicoptères des forces gouvernementales ont largué des barils d'explosifs dans le centre de la région. L'attaque a visé une zone où les brigades islamiques et le Front Al Nosra combattent le Hezbollah et les milices progouvernementales depuis des semaines.

«Echec» de la communauté internationale

Des ONG internationales ont par ailleurs condamné cette semaine l'«échec» des gouvernements du monde à trouver une issue à la guerre qui a coûté la vie à plus de 215'000 personnes, dont la moitié de civils.

Près de quatre millions de personnes ont fui la Syrie, dont plus d'un million se sont réfugiés au Liban voisin. Au sein même du pays, plus de sept millions de Syriens sont déplacés et près de 60% de la population vit dans la pauvreté.

Des ONG de défense de droits de l'Homme ont enquêté sur les terribles exactions du régime: près de 13'000 Syriens sont morts sous la torture dans ses geôles depuis le début du soulèvement. Des dizaines de milliers d'autres croupissent toujours dans les prisons gouvernementales, beaucoup étant portés disparus.

Diplomatie au point mort

Malgré l'indignation internationale face au nombre de victimes et à l'utilisation présumée d'armes chimiques par le régime mi-2013, le président Bachar al-Assad reste plus que jamais accroché au pouvoir. Damas semble enhardi par l'inertie d'une communauté internationale davantage préoccupée par les atrocités de l'EI.

La diplomatie est au point mort, après deux séries de négociations entre régime et opposition qui se sont soldées par un fiasco. Deux émissaires spéciaux ont jeté l'éponge et un troisième tente en vain de faire appliquer un gel des combats dans la métropole d'Alep.

De nouveaux pourparlers à l'issue incertaine sont prévus entre émissaires de Damas et une partie de l'opposition syrienne en avril à Moscou, allié indéfectible de M. Assad. (ats)

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