Henri ou Henry : Le roman de mon père
de Didier Decoin

critiqué par Falgo, le 22 mars 2015
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Vibrant hommage filial
Henri, ou Henry, le père de Didier a été un célèbre cinéaste et ce livre est consacré par son fils à ce personnage hors du commun. Il retrace sa vie depuis les origines pauvres dans le Paris d'avant la première guerre mondiale: les divers emplois occupés, la natation dont il fut champion, la boxe qu'il pratiqua, l'aviation qui découvrit pendant la guerre, le journalisme sportif, l'écriture et le cinéma auquel il consacra la deuxième moitié de sa vie (Qui ne se souvient de "La vérité sur bébé Donge", parmi 50 ou 60 autres films?). Sans oublier ses femmes, les quatre officielles, auxquelles se mêlent les officieuses et les passades d'un moment. Le récit suit en gros une linéarité chronologique, mais s'en écarte avec gourmandise quand l'auteur se saisit d'un sujet pour l'ausculter plus à fond.
Dans tout le texte ressort une formidable admiration filiale, l'homme en question a probablement été une personnalité extraordinaire, traversant les époques, les bonheurs, les malheurs, avec une puissante gaieté. Mais l'affection perce à tout instant, donnant au récit une connotation d'amour indéniable. Et c'est peut-être là que se trouve la qualité prééminente du livre, fondé à la fois sur le cheminement si original du père et le respect admiratif que lui voue le fils, des années après sa mort. Je n'ai jamais trouvé ailleurs une tel amour filial et cela, en soi, vaut à ce livre l'estime du lecteur. Sans compter que la vie du père traverse le vingtième siècle et cela nous donne une éblouissante galerie de portraits et de situations d'où émerge la délicieuse figure de Danielle Darrieux, l'une des remarquables femmes d'Henri. Il faut ajouter que le style léger, rapide, parfois profond, de Didier est pour beaucoup dans l'enthousiasme que le livre génère.