Pour le défi 137 "Retrouvailles" de Martine,
"remontée" d'une petite histoire écrite en 2012.
- Qu'as-tu fais pendant toutes ces années ?
– Chaque soir en posant ma tête sur l’oreiller je m’endormais en pensant à nos étreintes passées.
Elle se tenait devant lui le corps en feu, il se tenait devant elle tremblant de désir comme autrefois, dans une chambre d’hôtel ni belle ni laide juste anonyme.Tant d’années avaient passées et la chance de se revoir un jour était si minime qu'ils n'en revenaient pas. Une exposition les avait mené au même endroit, elle de Paris, lui de sa province. Vingt ans qu'ils s’étaient séparés sans cri et sans heurt, les yeux parlant pour eux lorsqu’elle avait dû quitter le sud de la France pour suivre son mari muté dans la capitale :
- Tu vas me manquer
- Toi aussi
Ils travaillaient dans la même entreprise mais pas dans le même service. Ils étaient mariés tous les deux, elle à un mari assez volage, pour lui elle ne savait que ce qui se murmurait discrètement dans les couloirs soit qu'il ne dédaignait pas les aventures. Dans une période où sa vie familiale était un peu plus difficile elle le laissa un jour lui sécher ses larmes dans un bureau désert. Il n’avait rien d’un don juan mais il avait tant de tendresse qu’elle succomba à un premier baiser et c’est ainsi que commença leur relation extra conjugale.
Dans un premier temps elle se laissa consoler, plus troublée qu’amoureuse de se retrouver dans les bras de ce presqu'inconnu. Petit à petit ils se découvrirent, partagèrent de longues discussions et des étreintes de plus en plus brûlantes. Leur liaison dura un certain nombre d’années, discrète et sans que jamais personne ne s’en aperçu, jusqu’au jour où elle dû quitter la région.
Pourquoi n’avait-elle jamais quitté ce mari qui l’aimait sans doute mais qui avait quand même besoin sans cesse d’aller voir ailleurs, aujourd’hui encore elle était bien incapable de répondre à cette question et c’est ainsi que sa vie s’écoula avec des souvenirs pour s’endormir.
C’est sans se poser de question qu'ils quittèrent le musée ensemble et c’est sans remords qu’elle se retrouva dans cette chambre d’hôtel avec la même émotion que lorsqu’elle l’avait quitté. Certes ils avaient vieillis, elle n’avait plus rien de la jeune femme pimpante qu’elle avait été, il n’avait plus rien de l’amant qu’elle avait connu mais qu’importe, ce qu'ils voyaient dans les yeux de l’autre c’était la même émotion passée et partagée et la même décharge électrique qui circulait entre eux…