Flotter, amerrir, réajuster…

Lille…quittée il y a 5 mois…ne semble pas avoir beaucoup changée. Le long des canaux qui nous amènent à la métropole, nous sommes excités, nous flottons dans une petite bulle euphorique. Les amis sont présents, un soutien qui n’est pas négligeable, comme une main plus ferme et plus forte qui nous maintient, pauvres cyclos de la route que nous sommes et qui avons perdu nos repères. Lire la suite

fin de parcours…

Le temps semble nous échapper…Hier à peine, nous passions la frontière germano-hollandaise et ce soir la Belgique déjà. La route se dérobe sous nos roues, elle glisse de plus en plus vite dans cette campagne, inspiration extrême de Van Gogh. Nous goûtions hier sa piste étoilée à Nueuen, à quelques mètres de la ville, dans le silence de la nuit, des cristaux verts et bleus redonnent la lumière offerte par le soleil dans un tourbillon féerique.

Nous savourons ces instants précieux, dans la pénombre, les bruits se transforment. Les animaux du jour laissent place à ceux de la nuit. Les yeux écarquillés, nos deux baroudeurs sont en alerte, ils observent cette nuit majestueuse. 
Nous croisions, plus tôt dans la journée, des fermes, ultra sophistiquées où la traite se déroule sur tapis roulant avec façade de verre, donnant une vue imprenable sur les postérieurs bovins à tous badauds que nous sommes. Perplexes…nous restâmes. Automatiser, déshumaniser, rentabiliser, ces mots nous révoltent et nous prenons un si grand plaisir à façonner le monde de demain dans les mains fraîches et bienveillantes de nos enfants !
Une sexagénaire hollandaise discute avec nous de tout ce tourbillon de modernité. Elle espère que les femmes en politique bougeront les choses…alors il faudrait des rêveuses mais je crains que les politiciens rêveurs aient soif de grandeurs et que les utopistes restent anonymes…
Prendre le meilleur de chacun des systèmes rencontrés, tel est notre défi à venir. Utiliser l’ingénieux de chaque peuple pour le mettre à profit dans un mode de vie meilleur. 
Ce retour promet d’être excitant, jamais nous n’avions ressenti un plaisir à revenir chez nous, jamais nous n’étions parti si longtemps sans repères… Et pourtant….étrange sensation, paradoxe de l’instant, nous n’avons pas envie que cette aventure s’arrête, nous sommes, tous les quatre, prêts à remettre les pédales vers un lieu inconnu…on nous évoquait, d’ailleurs, l’Albanie sur la route ! Mais peut importe la destination, c’est le chemin, le voyage en lui- même qui enrichit, la destination , elle, est obsolète…

Sur la route

Come back

 

Le compte à rebours est lancé. Dans une petite dizaine de jours seulement, nous vidons nos sacoches. Nous rallumerons l’eau courante, nous réenclencherons le processus sédentaire. Alors, jusque là, nous savourons chaque brise, chaque goutte de pluie, chaque crevaison comme un instant de gagné sur la route. 

Plus du tiers d’une année s’est écoulée en mode nomade…et comme notre regard a changé.
Nous revenons les poches chargées de projets, qu’il faudra s’atteler à réaliser. Mais nous aimons ces moments, relevez nos manches, concevoir, façonner, crayonner un rêve jusqu’à sa métamorphose concrète. Après avoir observé, interrogé, critiqué, essayé 5 autres cultures si différentes les unes des autres, il y a cette envie de nature, de lenteur, de liberté qui nous apparaît très importante aujourd’hui. 
Un regard en arrière et nous ne regrettons rien. Ni les démissions, ni la vente de la voiture, ni le combat mené auprès de l’éducation nationale, ni les pluies ou le froid, ni même ce Mittellandkanal ! 
Ce que je peux vous glisser dans le creux de l’oreille….c’est bon vous êtes bien là ?… C’est que les doux rêves que vous avez dans un coin de la tête, ceux qui reviennent dans ces instants où ils  sont les seuls auxquels vous vous raccrochez, ceux que vous remettez à plus tard, toujours, mais qui ne veulent jamais partir….de temps en temps….attrapez-en un sous le bras et maintenez-le fermement…il devient réalité.
 
Pourvu que la poussière d’elfes qui me reste dans les yeux ne disparaissent jamais !
 
Tendrement et du haut d’un rêve,

Mittellandkanal ( ou la dure réalité des cyclos)

 

Jour 1 : départ d’Hannover tous guillerets, il fait doux, nous trouvons la route tout de suite. Ah ce joli canal, les insectes créent une petite mélodie, ce chemin est rupestre, parsemé de petits cailloux. Nous essuyons 2 crevaisons mais c’est un monde sans voiture….j’adore cet endroit !
la nuit le long de ce fleuve artificiel est tranquille, quelques piqûres de taons mais il faut bien les nourrir un peu, ils nous offrent le logis ! Les péniches glissent sur l’eau, tout est zen…image

Jour 2 : réveil aux aurores. Il fait chaud, nous sommes collants et le débarbouillage de la veille n’est pas aussi efficace qu’une douche. La famille taons d’hier à prévenu les siens, impossible de déjeuner ici. Ils sont déchaînés ! Nous remballons fissa et commençons à pédaler à jeun. Il faudra 10 km pour en être, un peu, débarrassés et remplir nos estomacs. Les petits cailloux du sentiers se transforment en voie de chemin de fer désaffectée, caillas et nids de poule. Lire la suite

Usures…

Le réchauffement climatique nous saute au nez en approchant du pays des bretzels. Il nous semble que l’air gagne un degré de plus à chaque kilomètre parcouru et c’est collants et salés que nous posons sacoches et tente le soir. Je ne sais pas trop définir ce qui nous submerge ces derniers temps. Le contact étroit des amis et proches nous manquent beaucoup, il est difficile d’établir du lien en étant toujours en mouvement et voilà donc bientôt 5 mois que cela nous fait défaut. Les projets naissants sur la selle, germent et l’on pourrait même dire fleurissent sur notre chemin, il est donc tant de rentrer pour pouvoir récolter les fruits !

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